La Fondation Blachère accueille, pour cette première exposition de l’année dans son centre d’art, plus d’une centaine de photographies réalisées durant un workshop lors de l’édition 2017 des Rencontres de la Photographie de Bamako, sous la direction de Françoise Huguier.
Ce workshop, intitulé « Sur les traces des étudiants maliens envoyés à l’Est », a permis à six photographes maliens de se plonger dans l’histoire et ainsi se lancer sur les traces de maliens partis étudier en URSS dans les années 1960.
Lorsque le Mali obtient son indépendance en juin 1960, il se retrouve propulsé sur le grand échiquier mondial, en pleine Guerre Froide. Le gouvernement malien, présidé par le socialiste Modibo Keita, signe alors un accord de coopération avec le gouvernement soviétique. L’Université de Lumumba,du nom du leader de la lutte congolaise pour l’indépendance,est alors créée à Moscou. De nombreux jeunes y sont envoyés pour étudier dans divers domaines et ensuite rentrer au pays.
Chaque photographe a donc enquêté sur le passé de son modèle et l’a également suivi chez lui, de nos jours, dans son quotidien au Mali.
Seydou Camara a par exemple rencontré chez lui et partagé les souvenirs du cinéaste Souleymane Cisse, qui a fait ses études au VGIK (Institut National de la Cinématographie S. A. Guerrassimov) de Moscou.
Lassine Coulibaly, plus connu sous le nom de Fototala King Massassy, a suivi et exploré le passé de « Birus » Oumar Diallo, ancien garde du corps du Président malien dans les années 1980, puis Directeur de la Sureté d’État.
John Kalapo a, quant à lui, effectué une démarche plus personnelle : il retrace la vie rocambolesque de son père, Amadou Kalapo, aujourd’hui décédé. Le fils rend ainsi un vibrant hommage à son père, ancien étudiant à l’université aéronautique de Kiev, pilote pour Air Mali…
Seyba Keita souhaitait photographier quelqu’un qui a œuvré pour le pays : il a suivi Bédié Diarra parti en URSS de 1967 à 1969 avec la dernière promotion qui a étudié à l’Est au temps du Président Modibo Keita, et sorti major de sa promotion d’études politiques.
Kany Sissoko elle, a voulu retranscrire avec son écriture photographique la singularité artistique d’Oumar Camara, excellent élève bénéficiaire d’une bourse en 1979 pour aller étudier l’Histoire à la faculté de Saint-Pétersbourg et inscrit en parallèle à l’académie des Beaux-Arts car désirant devenir artiste avant tout.
Fatoumata Traore a remonté le temps avec Mamadou Habib Ballo, boursier en 1981 pour l’Union Soviétique où il intègre l’Institut des Beaux-Arts Sourikov de Moscou et d’où il sort diplômé après 7 ans d’études d’un master en Arts graphiques, spécialité illustration de livres d’enfants.
Cette exposition, toujours sous le commissariat de Françoise Huguier, qui aura dirigé le projet du début à la fin, présente plus d’une centaine de photographies restituant le travail des artistes, regroupant documents d’archives, portraits des anciens étudiants à l’époque et de nos jours… Pour un voyage historique et géopolotique au fil des souvenirs.