Exposition suite à la résidence de Freddy Tsimba.
Existe-t-il une différence entre artiste et guerrier ? Freddy Tsimba est l’un et l’autre.
J’en veux pour preuve son art d’animer les matières inertes, voire de récupérer les douilles et de les assembler pour composer des figures humaines. L’objet de mort devient lui-même un fragment de la cible… perdue !
Les bronzes sont traités comme des dessins dans l’espace. Les lignes jouent de densités multiples, elles vibrent, se contorsionnent pour livrer des surgissements chimériques.
Les douilles soudées l’une à l’autre, offrent des cottes de mailles qui auraient pris l’empreinte des corps défunts.
Le sculpteur entre en peinture…
En feuilletant les carnets de la création des Editions de l’Œil qui lui sont consacrés, j’observais les dessins préparatoires qui servaient de fond à la prise de vue des sculptures. De là, l’idée de proposer à Freddy Tsimba, une résidence qui lui permettrait d’explorer de nouveaux territoires dans sa création. Les bronzes issus de son « couloir humanitaire » (c’est ainsi que Freddy Tsimba nomme son atelier exigu de Kinshasa) sont confrontés aux seize grandes peintures réalisées à Apt et qui laissent augurer des lendemains picturaux vengeurs et prolixes.
Il règne dans la peinture de Freddy Tsimba des parfums de Wilfredo Lam à propos duquel Edouard Glissant a écrit « épure enluminée de tous les possibles » qui convient admirablement bien à Freddy Tsimba, héritier direct, dans cette filiation inspirée des nouveaux plasticiens venus du continent africain.
Pierre Jaccaud
06 septembre 2007